Feuillevent - Chapitre 1 - Le temple maudit - 25 novembre 2017

« Répète cela misérable vermisseau ! » Les deux gardes ogres tassèrent leur impressionnante carrure. Ça avait mal tourné les rares fois où ils avaient vu le prêtre dans cette colère glacée. S’ils avaient su ce qu’était la compassion, ils auraient pu en éprouver pour le chef orque. Habituellement impressionnant, ce dernier semblait chétif, comme rétréci sous l’ire du semi-démon. L’orque repris d’une voix presque assurée. Il était courageux. On ne pouvait lui retirer cela. Cependant qu’il reprenait, les gardes entendirent pour la seconde fois son compte rendu incroyable. Les enfants du sacrifice avaient été enlevés, probablement par une troupe hétéroclite qui comprenait au moins un de ces maudits nains. Les gardes ne comprenaient d’ailleurs pas pourquoi leur maître demandait de nouveau les informations transmises par son acolyte deux heures plus tôt.
Les traces de pas au second étage du donjon, déserté et non surveillé, avaient déterminé qu’une dizaine de personne dont des nains et au moins un chevalier dévoué à une divinité bénéfique avaient percé leurs défenses. Ils avaient réussi à venir jusqu’à la plaine hantée à travers la montagne, à la traverser, et à s’introduire dans la forteresse au nez et à la barbe de plus de 200 orques du clan des crânes brisés.
Délaissant le rez-de-chaussée, ils étaient descendus directement au sous-sol comme s’ils savaient ce qu’ils cherchaient. Ils avaient semés la mort. Grundush le représentant d’une tribu ogre de l’ouest, Hachavhyd le chef du clan orque des brises tibias et son shaman, autant de formidables héros de leur peuples qui avaient été égorgés dans leur sommeil. Deux des prêtres étaient encore introuvables, probablement morts eux aussi.
Encore plus surprenant, ils avaient réussi à s’enfuir à travers de sombres passages. Forcer la porte de leur dernier passage secret avait coûté la vie de dizaine de mineurs orques. Le passage était maintenant condamner par l’effondrement de la galerie, probablement piégée par la race maudite. L’excavation en cours ne devrait rien donner avant des dizaines de jours.
Malgré l’envoi de la presque totalité des troupes disponibles sur le fort de la désolation, les intrus n’avaient pas été retrouvés. Seuls vestiges de leur passage, la découverte d’une patrouille orque décimée et d’étranges symboles tracés sur les parois d’un boyau inexploré. Une sorte de bâton entouré de serpents. Le prêtre noir recherchait en ce moment la signification de ces signes.
« Par ton incompétence et ta négligence, tu retardes l’ouverture de ce point d’ancrage. Mon maître n’est pas satisfait et réclame vengeance ! Tu m’amèneras l’ensemble des femelles de ton clan, tes guerriers n’auront pas le droit de se reproduire et ton clan disparaitra dans l’oubli, non sans que tu te sacrifies à la tâche à laquelle tu t’en engagé ! Va maintenant et prépare les tiens pour leur sacrifice dans deux jours ! ».
Malgré leur rudesse, acquise dans la souffrance et la brutalité, les ogres frémirent. C’était l’extinction programmé de ce clan orque fier et puissant. La détermination du prêtre était sans appel. Le chef orque se retira, hébété.
« Karock, approche ! ». Trouve de quoi remplacer cette perte pour finir le rituel. Lamenoire inclina son impressionnante carcasse de ½ ogre et se retira sur un signe du Rahib.
Même les ogres le redoutaient. Sa science du combat à la hache d’arme n’égalait que son cynisme et sa violence. Les orques qui composaient son unité étaient choisis parmi les plus dangereux des clans et chacun d’eux avaient des spécialités inhabituelles.

Qui auraient pu se douter qu’au même moment, dans d’obscurs passages sous la montagne progressait un petit groupe à l’air misérable et au regard hanté ? Malgré la faim qui les tenaillait, ils avançaient, bien déterminés à ramener en lieu sûr le bébé Mélina, Férynael le jeune elfe des bois et Hyarnid Ergamarl l’enfant gnome. Ce ne serait que bien plus tard qu’ils seraient célébrés pour leurs exploits et maintes fois entendus pour les informations recueillies. Pour l’instant, ils progressaient péniblement, espérant que les goules n’avaient pu se frayer un passage pour les rattraper…