La vieille femme voutée laissa ses larmes troubler l’eau de divination de son bol, mettant fin à sa vision. Elle avait fuit son monde pour se retrouver par hasard dans celui-ci et y retrouvait les mêmes maux. Elle venait d’assister au dénouement d’une fantastique bataille à l’issue de laquelle, croyant lutter contre un mal, des héros en délivrent un nouveau probablement plus grand encore. Durant de nombreuses nuits, son sommeil serait troublé et haché des images de cruauté et de violence qu’elle avait vues. Le Bien pouvait-il triompher ? Elle voulait y croire en pensant à l’abnégation de ces jeunes gens doués et sincères qui avaient dirigé l’armée, perdus tant de compagnons pour finalement arriver, malgré le fourvoiement, à pousser dans ses retranchements un prêtre démonique, contraint à la fuite, non sans avoir pu remplir en partie son office maléfique. Et que penser de ce monstre oscillant entre la vie et la mort, se jouant des deux camps s’affrontant sur le champ de bataille ?
La lune était pleine dans le ciel étoilé au dessus du cirque. Le solstice d’hiver venait à éclore dans cette nuit où se jouerait une partie qui pourrait repousser les ennemis au-delà des frontières des terres sauvages. Déjà les nains de Karell Pierretonnerre revenaient de leur attaque surprise d’un camp d’ogres situé dans une vallée au nord est. Dans le même temps plus à l’ouest, deux camps d’orques subissaient le même sort, l’un détruit par les barbares du clan du Corbeau dirigés par Saaleck et soutenus par des voleurs et éclaireurs d’Eryaell, quand l’autre était éradiqué par deux unités d’elfes dirigées par Reagan le voleur et Aegnor Valar le mage.
Chacun ensuite regagnait ses positions préalablement définies lorsqu’Erwann le druide senti le relâchement de la trame du rituel initié par ses douze compagnons druides. Dans le même temps, Aegnor Valar, alerté par sa bague magique sentit son épouse en danger, victime malgré elle de ses peurs générées dans les souterrains de la forteresse proche. Le mal était fait et déjà la femme-renard fuyait ses propres démons intérieurs. Erwann, changé en aigle se rendit sur l’un des douze Dolmens druidiques qu’Eldanöte aurait dû contribuer à activer. Il prit le relai et soutint le sortilège majeur en cours depuis des heures déjà pour atteindre un point culminant au lever du soleil.
Ce fut le signal pour que les trois compagnies stratégiquement disposées puissent faire mouvement vers le château délabré du Cambion, prêtre maléfique du Démon Orcus. Ce sont près de quatre cents soldats, mages, prêtres et voleurs qui convergèrent vers le centre du cirque.
Les premiers accrochages eurent lieu près d’un marais puant duquel sortirent des goules affamées au point de se jeter sur les centaures qui avaient attendu la disponibilité de leurs druides. Cette attaque enrayée fut suivie d’une autre toujours à partir de ce marais où des zombis attaquèrent les unités alliées. La riposte ne se fit pas attendre. Les balistes balayèrent les morts vivants avant que les autres unités s’engagent au combat. Goisny, Solima, Gualdim, Malois et Pallas d’Ambremont, chargés de diriger ce compartiment subirent probablement les assauts les plus rudes la part des unités ennemies. Orques, ogres, trolls, morts-vivants, chiens des enfers et même les mystérieux assassins hommes rats, tous cherchèrent à leur faire rompre le front mais les alliés tenaient.
Au sud-est, les combats étaient également âpres mais l’organisation des alliées fit merveille. Les archers faisaient pleuvoir leurs flèches sur les goblinoïdes et autres trolls, tandis les fantassins qui les protégeaient s’écartaient par moment pour laisser passer dans un ballet ininterrompu les fiers étendards des cavalières d’Athéna entrainées fougueusement par la paladine héritière du comté de Fouchelac. Les héros de ce front se nommaient Elyna, Anthariel, Eltariel, Sjor et Wodomir.
Au nord, les choses s’organisèrent après une bravade des barbares qui failli bien coûter la vie aux archers elfes lorsque plusieurs Trolls, répondant aux provocations des guerriers du clan du Corbeau, pénétrèrent dans la forêt pour resurgir au beau milieu d’une bataille engagée contre des orques. Les harcèlements orchestrés par les voleurs d’Eryaell et une unité de guerriers petite-gens permirent aux nains de Cavepierre d’arriver à temps pour déployer leur adresse contre ces monstres et finir de les éradiquer.
S’en suivit une jonction avec la compagnie des cavalières plus au sud.
Alors que les ennemis jetaient toutes leurs forces dans la bataille sur maintenant deux fronts, Erwann le druide perçu de nouveau un trouble dans le rituel qui devait contraindre le Cambion. Il ne tarda pas, soutenu par les Aarakrocas à découvrir la duplicité d’un fantôme de druide qui s’avéra être le maléfique druide liche du marais maudit. Ce dernier avait profité de la puissance du rituel qui devait encore être alimenté plusieurs heures par les quatre plus puissants druides. La visée du rituel était de contrarier les projets du prêtre demi-démon à créer un portail vers le plan de son seigneur Orcus. Détournant le sort de son projet originel, le druide liche emprisonnait et soumettait à son pouvoir les trois autres druides qui alimentaient les dolmens en énergie.
Bientôt, une étrange barrière magique infranchissable teintée de couleurs jaunâtres s’élevait le long des immenses parois du Cirque de Lune pour se rejoindre et former ainsi une gigantesque bulle. Sensible aux énergies en jeu, Erwann n’eut d’autre choix que de sacrifier son bâton magique. Il connecta ainsi ce don de l’Arbre druidique de Newt avec le rejeton qu’il avait planté en ces lieux il y a de cela plusieurs mois. Mais les forces en présence exigeaient un effort plus grand encore et dix des héros présents durent sacrifier une partie de leur énergie vitale afin d’alimenter le contre sort.
Cela fonctionna. La magie druidique parvint à contraindre le rituel perverti et à bloquer la frontière étrange aux limites du cercle intérieur consistant en six plantes magiques disposées avec soin en même temps que le rejeton de l’arbre de Newt.
La puissance druidique dégagée perturba hautement les orques, ogres et trolls qui, incapables de se coordonner, succombèrent sous les coups des alliés pourtant exsangues.
Chacun put enfin laisser son unité reprendre son souffle, panser ses blessés et compter ses morts.
Les alliés de Feuillevent se regroupèrent autour du bâton de Newt planté en terre pour assister à sa transformation. D’abord excroissance puis bulbe, l’extrémité du bâton s’enfla jusqu’à former un énorme bourgeon. S’en suivit une pause puis le bourgeon éclot pour libérer une magnifique créature, toute jeune mais déjà bien éveillée : un dragon fée. Une voix flutée, éminemment féminine se fit entendre pour se présenter, « Tiwith ». Elle nomma officiellement d’un ton sans appel le petite-gens Erwann gardien du Bosquet de Tiwith.
Ce fut elle qui se tourna en premier vers le sud et permit ainsi aux compagnons d’assister à l’arrivée d’un étrange équipage franchissant la barrière jaunâtre qui délimitait le Bosquet druidique. Le baron Diamant Von Berd, tout juste descendu de son autruche géante, se présenta comme historien et bien malgré lui voyageur entre les plans depuis plus de 300 ans, alors même que cet humain semblait dans la force de l’âge.
Après quelques échanges et invitations, les compagnons décidèrent d’un commun accord de se mettre en quête du Cambion. Déserté dans ses étages supérieurs, le premier sous-sol de la forteresse révélait encore une opposition. Deux des trois hommes rats assassins furent tués non sans mal tandis que s’échappaient leur comparse ainsi qu’un de leurs lanceurs de sorts.
Connaissant les lieux pour y être déjà passés, la troupe retrouva le même démon gardien perché sur le coffre qu’il défendait dans la chambre du Cambion.
Il fut décidé d’un commun accord de le laisser là pour l’instant et de s’enquérir le plus rapidement possible du prêtre d’Orcus. Surpris en plein rituel, ce dernier, protégé par des guerriers squelettes donna bien du mal aux alliés. Tandis que plusieurs d’entres eux tombaient, les autres bombardaient de flèches, sorts et coups de hache et d’épée leurs adversaires. Outre les quatre guerriers squelettes nécessitant à eux seuls un formidable engagement, le Cambion lui-même restait difficile à approcher du fait d’un sort de lames tournoyantes. Durement blessé, il se vit toutefois contraint de faire retraite alors même que le sort de la bataille restait indécis. Ce fut Erwann qui, dans un geste héroïque, réussit à s’emparer de son bâton magique avant que le demi-démon plonge dans son sort de téléportation. La récupération du troisième et dernier objet nécessaire à la réalisation de la relique Layrpheu, une lance magique spécialement conçue pour lutter contre les morts vivants réconforta les compagnons, malgré la déception de la fuite de leur ennemi mortel.
Fort heureusement, les trois derniers guerriers squelettes, privés de leur créateur s’immobilisèrent et purent être détruit sans danger.
Sans perdre de temps, le groupe s’organisa. Les soins furent prodigués aux mourants et blessés, Saaleck fut ramené des portes de la mort grâce à un sort de rappel à la vie trouvé dans le coffre du Cambion, déserté de son gardien. Enfin le temple dédié à Orcus fut désacralisé. Durant ce processus, des gemmes détentrices de portions d’âme de victimes sacrifiées au seigneur démon furent découvertes. L’une d’entre elle redonna espoir à Aegnor Valar. Elle possédait la partie d’âme manquante à son épouse Eldanöte Nerdanaël. Restait à la trouver afin de la lui restituer.
D’autres conséquences plus tragiques des derniers événements furent découvertes. Pour ne pas s’abandonner aux pouvoirs maléfiques de Dielcuhcidre la liche, Elhan Feufollet dû sacrifier une partie de son énergie vitale pour lui-même mais également pour l’enfant Ned qui était resté en contact avec le rituel. Une grande partie de ses capacités de lanceur de sorts a été détruite et il devra se retirer dans le plan des êtres fées sans possibilité de guérison. Astrid Nuagelamë’yl a, quant à elle, vieilli prématurément et il ne reste tout au plus que deux à trois ans de vie à la jeune demi-elfe qui a étonnement laissé la place à une femme très âgée. Quand à Efyalme Dialexisth l’esprit-fée druide, il a fait le sacrifice ultime pour permettre l’éclosion du dragon fée du cirque, condition indispensable à l’arrêt de la progression de la barrière.
Le jeune Ned a été retrouvé errant dans la montagne. Vieilli de quelques années, il est devenu un adolescent d’une quinzaine d’année aux capacités d’un druide débutant mais cependant confirmé par l’Arbre de Newt comme étant le gardien de son bosquet.
Les nouvelles font également état de la réussite partielle du propre rituel du Cambion qui a établi un portail permanent entre ce plan et un plan dominé par nombre de morts-vivants intelligents et autres créatures maléfiques du même genre, à l’emplacement de la source de pouvoir nommé temple d’Orcus.
Il reste nombre de dangers, certains nouveaux, d’autres anciens, certains plus anciens encore et il est probable que les héros relevant ces défis laissent leurs empreintes durablement dans ces temps où l’espoir peine à naître…
Tiwith
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Sujet: Feuillevent - Chapitre 5 - La bataille du cirque - 22 décembre 2018 
Mer 8 Mar - 18:23
